En publiant "Vie et opinions philosophiques d'un chat", Hippolyte Taine ne cherchait pas à faire un ouvrage sérieux, tout juste à amuser la galerie.
Nous sommes là devant un petit texte qui fait parler le chat. Quel chat? Nous n'en saurons rien. Le chat s'exprime et il nous fait part de ses opinions de chat.
C'est son amie l'oie qui lui donne ses premières notions de philosophie. L'oie pour qui "la basse-cour est une république d'alliés" dont le "plus industrieux, l'homme, avait été choisis pour chef". L'oie qui finira rôtie, mais c'est là son destin normal après tout.
La morale de cette histoire pourrait être que l'on juge le monde avec les yeux que l'on a.
Qu'il parle de l'ordre et du désordre dans la basse-cour, de la musique ou de la jeunesse, le chat philosophe. Ah ! la jeunesse : "que la jeunesse est heureuse et qu'il est dur de perdre ses illusions saintes". Cela nous vaut quelques bonnes pages sur l'amour ou sur la jalousie des hommes qui maudissent les chats et leur jettent des pierres.
Sur le bonheur, notre chat a des idées très arrêtées : "Celui qui mange est heureux; celui qui digère est plus heureux; et celui qui sommeille en digérant est plus heureux encore.Tout le reste n'est que vanité et impatience de l'esprit".
Hippolyte Taine égratigne aussi la religion, et toutes les croyances populaires quelque peu
irréalistes.Sérieux, l'auteur fait dire au chat : "J'ai perdu en acquérant la sciences les naïves illusions de l'estomac et du coeur". Non le ciel n'est pas un grenier plein de bonnes choses sans fin, et Dieu n'est pas une rôtissoire perpétuellement en marche pour le bien être des...chats bien sûr.
Mais le chat finit par devenir si vaniteux qu'il s'enferme en lui même, croyant n'avoir plus besoin des autres pour vivre. Il finit par se croire si savant et si "sublime" qu'il se met à imaginer que "nul chat pensant n'a pénétré dans le secret des choses aussi avant que" lui. "Vanité des vanités, tout est vanité" aurait pu lui répondre l'Ecclésiaste de la Bible sur ce thème.
Ce petit texte cynique et humoristique d'une cinquantaine de pages, est paru en 1858 avec la réédition du "Voyages dans les eaux des Pyrénées" d'Hippolyte Taine (1828-1893).
Et nous laisserons le mot de la fin à l'auteur lui même : "J'ai beaucoup étudié les philosophes et les chats. La sagesse des chats est infiniment supérieure" concède Hippolyte Taine, philosophe, historien et critique littéraire.
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