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lundi 24 décembre 2012

Noël : la Ballade des Rois Mages




Cela fait maintenant deux ans que l'étoile leur est apparue. Melchior, Gaspar, Balthazar et leurs chameaux arrivent en Palestine. Et voilà l'étoile qui disparaît. Elle les avait pourtant bien guidée depuis leur départ pour cette longue marche. Intrigués les trois mages se rendent à Jérusalem pour demander des explications sur l'endroit où l'enfant devait naître. Mais Hérode, qui craint de perdre son trône s'il devait naître un nouveau roi des juifs, joue les rusés. Il renseigne les mages, avec ce qu'il sait par les Ecritures. Un sauveur doit naître à Bethleem, en Judée. Mais surtout il leur demande de revenir pour lui raconter ce qu'ils ont vu quand ils auront trouvé l'enfant. C'est ainsi qu'est racontée l'histoire des Mages dans la Bible.


La tradition de Noël (25 décembre) et de l'Epiphanie (6 janvier) rapporte que les mages après avoir découvert l'enfant Jésus dans la crèche, l'ont adoré à genoux et ont déposé leurs présents, de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Ils sont ensuite simplement reparti par un autre chemin.
Dans sa rage et sa haine, Hérode fera tuer tous les enfants de moins de deux ans, pour détruire la menace d'une nouvelle royauté sur Israël.



Mais revenons aux mages. Traditionnellement on considère qu'ils sont trois. Ils représentent symboliquement l'Asie, l'Europe et l'Afrique, soit l'ensemble du monde connu avant Christophe Colomb et la découverte de l'Amérique. Ils voyagent à dos de chameaux et transportent de drôles de cadeaux à offrir à un nouveau né : de l'or de l'encens et de la myrrhe. Donc de quoi honorer un Dieu, encenser un prêtre, serviteur de Dieu, et embaumer un mort. Ils ont parcouru une bonne partie de la terre en suivant simplement une étoile qui leur est apparue dans le ciel.




Mais ils ne sont pas rois. Ce sont des savants, des mathématiciens, des astronomes, des historiens, peut être aussi des médecins, tant les disciplines étaient mêlées à cette époque. Ils ont compris que l'arrivée d'une nouvelle étoile dans le ciel annonçait la naissance d'un être exceptionnel. Et ils se sont mis en route pour adorer cet enfant. A travers eux, c'est l'ensemble du monde connu qui vient adorer l'enfant Jésus dans la crèche. Le Bible rapporte que les bergers et les mages étaient présents à Noël autour de Joseph et Marie, donc les gens simples comme les gens savants.

La tradition s'est répandue depuis Saint François d'Assise de rejouer la nativité sous forme de crèche vivante. Alors à vous de jouer...


Gaspard Melchior Balthazar les Rois Mages et... by CINEARTLOISIR


mardi 18 décembre 2012

Le Bestiaire Fantastique de Jules Verne.

Source "Je suis comme je suis".

Avec ses "Voyages extraordinaires", Jules Verne (1828 - 1905) nous entraîne dans des aventures aussi fantastiques que visionnaires. Cet écrivain génial savait pimenter ses récits des dernières avancées de la science de son temps.

Il est aussi considéré comme un des précurseurs du roman de science-fiction. Ce qui a donné lieu à la création du festival Jules Verne du film fantastique.

Il se définissait lui même comme un homme d'aventure, méthodique et curieux. Il était membre d'une quarantaine de sociétés savantes. Jules Verne est aussi l'auteur d'une opérette fantaisiste publiée en 1860, intitulée "Monsieur de Chimpanzé"


Mais l'auteur du "Voyage au centre de la terre" savait aussi peupler ses quelques 80 oeuvres littéraires d'animaux fantastiques ou bien réels, selon les besoins de son récit.

Source : Jules Verne News.
Avec l'aide de la Maison Jules Verne, et du Centre international Jules Verne d'Amiens, Celine Giton et Alexandre Tarrieu (postface) ont consacré un ouvrage entier au "Bestiaire Fantastique de Jules Verne". Tous les animaux cités dans les ouvrages de l'auteur, réels ou imaginaires, sauvages ou domestiques, y sont répertoriés. Et tous les continents sont représentés, des pôles glacés aux fonds des océans.

"Voyage au Centre de la Terre" (1864) ou encore "Vingt mille lieues sous les mer" (1869) sont des récits peuplés de monstres marins extraordinaires comme les pieuvres des profondeurs, le légendaire Kraken,ce calamar géant, ou encore des dinosaures disparus. Le capitaine Némo et le professeur Arronax nous ont légué ce drôle de bestiaire marin. Mais on y trouve aussi des références à la mythologie, comme le mythe des sirènes et leur ressemblance avec l'homme.



Source : Geo loco.
Le légendaire Kraken est décrit ainsi par Jules Verne : "C'était un calmar de dimensions colossales, ayant huit mètres de longueur [...] ses huit bras, ou plutôt ses huit pieds, implantés sur sa tête, avaient un développement double de son corps et se tordaient comme la chevelure des Furies. 

On voyait distinctement les deux cent cinquante ventouses [...]. La bouche de ce monstre s'ouvrait et se refermait verticalement. Sa langue, substance cornée, armée elle-même de plusieurs rangées de dents aiguës, sortait en frémissant de cette véritable cisaille. 

Source : les voyages extraordinaires.
Quelle fantaisie de la nature! Un bec d'oiseau à un mollusque! Son corps, fusiforme et renflé dans sa partie moyenne, formait une masse charnue qui devait peser vingt à vingt-cinq mille kilogrammes. Sa couleur inconstante, changeant avec une extrême rapiditité suivant l'irritation de l'animal, passait successivement du gris livide au brun rougeâtre".



Pour l'auteur de "l'Ile mystérieuse", "L'esprit humain se plaît à ces conceptions grandioses d'êtres surnaturels. Or la mer est précisément leur meilleur véhicule, le seul milieu où ces géants [...] puissent se produire et se développer".

"De la terre à la lune" puis "Autour de la lune" de Jules Verne ont directement inspiré Hergé pour ses bandes dessinées de Tintin :"Objectif lune" et "On a marché sur la lune"


Source : Hey Oscar Wilde;



Un site "Les Voyages extraordinaires de Jules Verne"  répertorie tous les animaux du bestiaire de Jules Verne, les mammifères, les oiseaux, les reptiles et les autres; Avec leur nom, une brève description, et leur lieu d'apparition dans l'oeuvre de l'écrivain.


Enfin pour terminer, voici comme Scott Campbell, dessinateur de son état, imagine et "croque" Jules Verne, avec humour et application...




mardi 11 décembre 2012

Les Animaux Mosaïques aux Arts Islamiques du Louvres.

Aujourd'hui visite au tout nouveau département des Arts Islamiques du Louvres. C'est une mine d'or au rayonnement incroyable que cette nouvelle salle d'exposition.
Les conservateurs ont fait le pari qu'il était possible d'ouvrir le patrimoine culturel du Moyen Orient de l'époque Islamique (VIIe XVIIe siècles) aux regards des visiteurs.
Pari réussi et j'y reviendrais sûrement dans d'autres posts. Ils ont fait confiance à leurs éminences grises et bien leur en a pris car cette confiance a été payante pour le plus grand bien de la communauté des visiteurs du musée.
Je vais donc vous parler ici des animaux dans l'Art Moyen Oriental de l'époque islamique. Et il y en a beaucoup car les artistes de cette région, à cette période, ont surtout représenté des animaux et des végétaux.

Commençons par la mosaïque. Les nouvelles salles du Département des Arts Islamiques du Louvres permettent de présenter les magnifiques mosaïques du musée sur cette période.

Petite démonstration en images et en couleur.



A lire aussi : lesAnim(art) Islamiques au Louvres.

mardi 27 novembre 2012

Picasso Décorateur et Créateur de Céramiques...

Picasso Potery by Tea Collection.
Quand Picasso s'installe à Vallauris dans les Alpes Maritimes, en Provence (1948 - 1955) il peint "La guerre et la Paix" un de ses tableaux majeurs. Mais il s'initie surtout à la céramique. Picasso dessine essentiellement des décors animaliers. Il renouvelle profondément le langage pictural dans ce domaine de la poterie, car comme il le dit lui-même "Je ne cherche pas, je trouve".

Picasso, curieux de tout, s'est lancé dans cet art après avoir visité l'exposition annuelle des potiers de Vallauris de 1946. Il rencontre alors Suzanne et Georges Ramié propriétaires de l'atelier de poterie Madoura.
Il faut dire que cet art de la terre cuite n'est pas nouveau pour cet artiste originaire de Malaga en Espagne, où la céramique arabo-andalouse est très présente.


mardi 13 novembre 2012

Les animaux foot !!!


Les garçons aiment le foot, c'est un fait. Il paraît que les filles aussi. Peut-être. S'il fallait inventer un bestiaire du foot, les allégories surgiraient d'elles-même pour célébrer la vitesse du tigre qui courre plus vite que son ombre, ou la rapidité du requin à s'emparer du ballon. Il y aurait aussi l'agilité du singe à déjouer les passes de l'adversaire ou la vivacité de chat, qui s'empare du ballon, rapide comme l'éclair pour aller marquer. Quant au gardien, imperturbable comme un loup de mer ou une otarie, il ne laisserait rien passer. Dans ce match imaginaire, le lièvre arriverait le premier dans les buts adverses et le loup ferait alliance avec la panthère pour former une équipe qui gagne.


Mais je vous raconte là une histoire à dormir debout, car sur le terrain des "Coq gaulois", ce sont plutôt des chiens, des lions, des aigles ou des poissons qui s'affrontent pour la finale. Ou alors en deuxième division des sangliers des Ardennes, des crocodiles, des hiboux ou encore des chevaux.

En fait, c'est parce que les clubs de foot ont pris comme emblème des animaux qui leur parlaient, et pas ceux qui auraient pu évoquer leur sport préféré. Les spectateurs y gagnent en pittoresque ce qu'ils perdent en allégorie du sport. Pour le plus grand plaisir des fans, qui eux, soutiendront toujours leur équipe favorite.





Ce sont donc les "lionceaux" de Sochaux, le club a été fondé par la famille Peugeot dont le lion est l'emblème, ou les "aiglons" à la couronne antique des armoiries de la ville de Nice qui vont s'affronter sur la pelouse du stade lors des prochains championnats. Ils seront opposés aux "dogues" du LOSC de Lille, (allusion peut-être au chien du premier président du club?) ou bien aux "merlus" de Lorient, club fondé par madame Cuissard, patronne d'un magasin de marée avec un poisson comme enseigne. Ils auront comme adversaires les deux lions à la colonne qui ornent les maillots de l'équipe d'Ajaccio, ou bien les deux chiens de l'équipe de Rennes, les fameux "rouge et noir".

Faites donc aussi un petit tour en D2 pour voir les matchs entre le crocodile de Nimes, le sanglier des Ardennes de Sedan, le Percheron du Mans ou le Hibou de Dijon.




Et pour finir une petite vidéo loufoque d'écureuil jouant au foot... pour une publicité.



jeudi 1 novembre 2012

Oiseaux de Paradis, de Parade en Fleur...

Crédit Photo : Wikipédia.

Loin, très loin d'ici, en Nouvelle Guinée et en Australie orientale, vivent de drôles d'oiseaux. Des Paradisiers ou Oiseaux de Paradis. Ces petits volatiles possèdent des ailes splendides qui s'ouvrent en corolle autour de leur corps et leur donnent une allure extraordinaire. L'Europe les auraient découvert à la suite du voyage de Magellan autour du monde (1519-1522).

L'histoire raconte que les commerçants autochtones leur avaient ôté les ailes et les pattes pour les vendre comme ornement. Les savants européens en auraient donc conclu, en toute bonne foi, et selon la légende, que ces oiseaux sans patte vivaient dans les airs et se nourrissaient de rosée ! Avant d'étudier sérieusement les spécimens rapportés.

Il existe une quarantaine d'espèce de paradisiers, les paradiséidés, du plus petit, le Royal, haut de quinze centimètres, au plus grands comme le Fastueux qui peut afficher jusqu'à un mètre dix de long.




Crédit photo : Wikipédia.
Les paradisiers organisent de véritables parades nuptiales pour séduire leur femelle. Car "l'oiseau de paradis est heureux dans son monde à lui" comme le chante le chanteur Gérard Manset. Certaines espèces y incluent aussi des danses et des chants amoureux.
Faute de prédateurs directs, les paradisiers ont proliféré. C'est donc sur le terrain de la compétition sexuelle que ces oiseaux se sont affrontés. Au fil des ans, les mâles les plus attirants ont transmis leurs caractéristiques à l'espèce, rivalisant de beauté et de couleurs pour agrémenter leur panache.

Ces oiseaux possèdent presque tous de magnifiques et longues aigrettes qui dépassent de la queue de l'oiseau au repos, pour s'épanouir en de splendides éventails sur son dos lors des parades. Ils ont aussi inspiré  Maurice Ravel (1875-1937) avec ses "Trois beaux oiseaux de Paradis" ou encore les chanteurs  Peter, Sue and Marc avec leur Chanson "Birds of paradise", et bien d'autres encore... 

Ces plumes magnifiques ont attiré aussi les femmes européennes qui ornaient leurs chapeaux de plumes de paradisier. Jusqu'à ce qu'en 1908 les britanniques interdisent la chasse et le commerce de ces oiseaux, qui sont toujours protégés.

Petra Regent et Masayoshi Ichino ont écrit en 2004 un documentaire vidéo de Tatsuhiko Kobayashi sur le travail du photographe japonais Tadashi Shimada, intitulé le "Oiseaux de paradis". Comme les planches dessinées ci dessous, ils décrivent ces oiseaux extraordinaires.


Source : Le Pictographe.


Crédit photo : Wikipédia.
Mais les "Oiseaux de Paradis" sont aussi de magnifiques fleurs... en forme de tête d'oiseau. Elles ont en commun avec les volatiles d'être très colorées, avec des pétales de couleur vive, orange et bleu. Elles fleurissent dès le début de l'hiver et jusqu'au début de l'été. Elles sont originaires d'Afrique du Sud.

Ces magnifiques Strelitzia doivent leur nom à l'épouse du roi Georges III d'Angleterre, la reine Charlotte de Mecklemburg-Strelitz. Les cinq variétés de Strelitzia sont toutes très florifères.

Et la référence botanique ne s'arrête pas là. L'Oiseau de Paradis est aussi un petit arbuste, le Caesalpinia Gilliesii, aux fleurs de couleur jaune et aux longues étamines rouges.



Enfin "l'Oiseau de Paradis / The Bird of Paradise" est aussi une pièce de théâtre de Richard Walton créée à Broadway en 1912 et qui a donné lieu à plusieurs films américains en 1932 puis en 1951 et français en 1963.
Je vous laisse la tête dans les étoiles pour admirer "l'Oiseau de Paradis", une constellation méridionale.








vendredi 19 octobre 2012

Des Animaux à l'Auto, il n'y a qu'un Logo.


De l'animal à l'auto, des chevaux au cheval-vapeur, il n'y a parfois qu'un pas. Celui du logo. Celui du rêve ou de l'analogie, celui du symbole ou du mythe. La souris est allée se promener dans les allées du dernier salon de l'automobile. Et elle a rencontré toute sorte d'animaux. Des animaux sagement posés sur les carosseries bien lustrées des voitures exposées. Bien sûr ils n'étaient pas là présents comme dans une ferme, mais tout de même...
Le cheval cabré de Ferrari n'avait d'yeux que pour la Coccinelle, tandis que le buffle de Lamborghini se battait avec le taureau des formule Un sponsorisées par Red Bull. La souris n'a pas manqué de repérer l'oiseau en vol de Mazda auquel répondait l'oiseau en flèche de Skoda, sous le regard placide du cheval de Porsche.
Reste que la souris a aussi rencontré le lion de Peugeot et le jaguar de la marque au félin. Elle n'a pas non plus manqué le scorpion des Fiat 500 Abarth, totalement inoffensif, malgré son nom, ni le serpent des Alpha-Roméo, sorte de caducée sans venin. Il ne manquait que la Ford Mustang, restée aux Etats-Unis.

Amusez-vous avec cette revue de détails en image :




mercredi 10 octobre 2012

Le Lion, Kessel et moi.

Dans cet ouvrage, Joseph Kessel nous raconte l'histoire d'un lion. Mais pas n'importe quel lion.

Edition de 1970
C'est l'histoire de King qui nous est ici contée. King vit au Kénya aux pieds du mont Kilimandjaro. Il est l'ami et le complice de Patricia, une petite fille qui vit dans la réserve avec les bêtes sauvages.

Et King lui appartient depuis que les hommes l'ont découvert un jour, tout juste né et déjà abandonné. Oui, mais King a grandit et le petit lionceau élevé dans la maison est devenu le roi des animaux, grand, fort, majestueux, et capable de tuer pour se nourrir. Même si cela n'empèche pas Patricia de jouer avec lui comme avec un chaton et de se risquer à des accrobaties sur son dos.


C'est Jospeh Kessel lui même, écrivain voyageur venu en séjour dans la réserve, qui nous raconte cette histoire d'amitié entre un lion et une petite fille. Avec les yeux émerveillés de celui qui est devenu, dans son récit, l'ami d'un lion.

Joseph Kessel n'avait pas prévu de rester dans la réserve du père de Patricia. Il ne faisait que passer, le temps de transmettre une lettre, avant de repartir le lendemain. Mais sa rencontre avec King et son affection pour la femme de Bullit le feront changer d'avis. Finalement il restera, le temps du livre...

Edition de 2010.
Il nous présente aussi les Massaï, peuple guerrier de ces régions, tels qu'il a pu les observer lors de son séjour au Kenya.

Oriounga, le jeune Massaï rêve de devenir adulte en tuant un lion et en épousant la fille-lion.

Edition de 2007.
Patricia voudrait bien garder son ami King pour la vie, même si cela terrorise sa mère.

Et Bullit, l'ancien chasseur de fauves devenu gardien de la réserve, doit veiller à préserver la vie des hommes qui se trouvent sous sa responsabilité, quitte à abattre des animaux protégés.








Ajouter à cela une mère névrosée et angoissée pour sa fille, partagée entre son amour pour son mari et son instinct maternel pour la sécurité de son enfant, et vous aurez tous les ingrédients de ce roman paru en 1958.



L'Afrique, la savane, le lion, les bêtes sauvages, les guerriers Massaï et les hommes vont s'affronter et se rencontrer pour le plus grand plaisir des lecteurs petits et grands de ce classique de la littérature française.



lundi 1 octobre 2012

Traiter "Des Oiseaux" au XIIIème siècle, tout un art...

Le Phénix d'Hugues de Fouilloy.

La bibliothèque d’agglomération de Saint Omer en Normandie a mis en ligne cinq photos des enluminures du "Traité des Oiseaux" de Hugues de Fouilloy, datant du XIIIème siècle (1210-1225). Ce manuscrit provient de l'abbaye de Notre Dame de Clairmarais.

Les cinq oiseaux présentés sont accompagnés d'une inscription latine les concernant, comme par exemple "Cri du paon, maître effrayant" ou "Intelligence du coq, prudence du maître".  Du Phénix qui renaît de son sang, au Milan en passant par le Corbeau, le Cygne, le Paon et le Coq, l'auteur décrit dans son manuscrit tout un bestiaire d'oiseaux. Mais son but est bien d'instruire par le divertissement les moines dont il a la charge.


Les colombes. Source : Medieval Bestiary.



L'usage du bestiaire pour instruire les gens était courant à cette époque ou la symbolique était connue de tous. L'art médiéval était friand de ces représentations et ne fait pas vraiment de différence entre animaux mythologiques et animaux exotiques. Tous ont leur place dans le bestiaire.



Paon ou Corbeau ?



Son deuxième livre "De Avibus" a été rédigé en latin entre 1130 et 1160. Il s'agit d'un traité sur la signification symbolique des oiseaux mentionnés dans la bible et surtout dans le Nouveau Testament. La liste rappelle celle du "Physiologus", augmentée du travail des "Etymologies" d'Isidore de Séville, (surtout le livre XI "L'Homme et les Monstres" et le livre XII sur la description des animaux du bestiaire médiéval).

Soixante chapitres au total dont vingt-deux sur la Colombe et l'Autour qui symbolisent pour l'auteur le clerc et le chevalier, tous deux convertis à la vie monastique.

Viennent ensuite quinze chapitres sur la Touterelle et les Passereaux, symboles de la vie érémitique solitaire et de la vie cénobitique du religieux actif.

Cygne ou Milan? Bibliothèque de St Omer.



Les vingt-trois dernier chapitres sont consacrés à une sorte de bestiaire de morale traditionnelle des oiseaux. Pas moins de 127 éditions différentes de ce traité nous sont parvenues, sans compter les éditions récentes.


L'ensemble de ce "Traité des Oiseaux" comprend une trentaine de miniatures. Les cinq premières sont annotées ou illustrées en forme de diagramme.

Derrière son côté bestiaire, ce traité évoque le sens de la vie religieuse, ses devoirs et ses obligations. C'est particulièrement visible dans les cinq premières illustrations de l'ouvrage, qui montrent de nombreuses analogies avec la règle de Saint Benoit.





Coq ou Phénix ?

 L'auteur de ce manuscrit médiéval, Hugues de Fouilloy, est sans doute né à Fouilloy, près d'Amiens, vers la fin du XIIème siècle. Il était issu de la petite noblesse et sa famille avait reçu ses terres en fief de l'abbaye de Corbie près d'Amiens. Il précise dans son "Traité des Oiseaux" qu'il était clerc avant d'être chanoine. Donc lettré avant de devenir religieux.

Vers 1120, il entre comme frère à l'abbaye de Saint-Laurent-au-Bois. Devenue florissante, la communauté essaime en 1132, et crée une abbaye "fille" à Saint-Nicolas de Régny. Hugues en prend immédiatement la direction, ce qui illustre bien le charisme dont il jouissait alors. Vers 1150, Hugues de Fouilloy refuse la charge de prieur de l'abbaye de Saint-Denis de Rheims qu'on lui propose. Il prendra finalement la direction de son abbaye d'origine Saint-Laurent-au-Bois en 1152 et y restera prieur jusqu'à sa mort vers 1173 ou 1174.



On lui attribue la rédaction de six manuscrits connus dont le "De Avibus" ou "Traité des Oiseaux" dont sont issues ces enluminures. Hugues de Fouilloy a écrit surtout des traité d'exégèse et de morale, et toujours à la demande d'un frère convers ou d'un prieur nouvellement installé. Il utilise donc un style très scolaire.


L'Oie sauvage ou domestique.
La Cigogne.


















Héron ou Geai? Manuscrit de Troyes.

Avec l'aide de Lise, je vous propose de découvrir les images et les commentaires de ce manuscrit du traité "Des Oiseaux" de Hugues de Fouilloy conservé à la médiathèque de Troyes. Il présente les explications symboliques des oiseaux de l'ouvrage tel que les pensaient l'auteur vers 1150.
Je vous ai mis en illustration le Héron symbole de l'homme qui recherche les nourritures de l'esprit car "Héron s'envolant âme s'élevant". Une explication qui vient du fait que le héron se nourrit de poissons au sol, mais fait son nid dans les arbres, en hauteur. Et le Geai car "Geai gazouillant bavard calomniant" cet oiseau illustrerait par son bavardage sans sagesse le moine qui perd son temps en bavardage au lieu de travailler au bien commun. Deux exemples parmi d'autres. Vous y retrouverez aussi les oiseaux cités plus haut et bien d'autres encore.





Un grand merci aussi à @muséologique qui m'a fourni cette idée. Qu'en pensez vous? N'hésitez pas à laisser des commentaires, vos idées, vos questions, vos messages. Merci d'avance.


Pour en savoir plus :

Parmi les oiseaux présentés on trouve le Phénix avec l'inscription "Resurrectio phenicis spes future resurrectionis", mais aussi le Milan accompagné de cette inscription "Miluus carnes rapiens, desidiosus uoluptuosa quierens". Le Corbeau est affublé de cette phrase "Coruus crocitans, doctor predicans". Le Cygne majestueux est accompagné de cette devise "Albedo cigno simulatio in conuerso", ce à quoi le Paon lui rétorque cette phrase "Clamor pavonis. terror doctoris". Enfin le coq, qui était déjà gaulois, est accompagné de cette épitaphe "Gallus alis se percutiens est doctor aliis exemplum prebens. intelligentia galli prudentia magistri".









jeudi 20 septembre 2012

Wacky-woollies? moutons? Irlandais sûrement!


Les Wacky-woollies vous connaissez? Non? Et bien cette semaine je vous présente les 16 moutons irlandais drôles et loufoques inventés pour décrire nos attitudes, nos pensées, nos états d'âme, bref tout ce qui nous passe par la tête. On les trouve sur des mugs, des T shirts, des sacs, des cartables, trousses, crayons, blocs-notes et que sais-je encore.

Contrairement au smileys qui ornent nos ordinateurs et autres appareils électroniques, ces petits moutons soulignent nos sentiments dans la vie quotidienne. Ils sont un hymne à la Vie. On peut être triste ou en colère, complètement fou ou très bavard, étourdit ou déconcerté, choqué ou ennuyé, maladroit ou adorable, mais aussi heureux, joyeux, chanceux, irlandais, en voyage, ... ou tout simplement endormis.....


Avec leur drôle de bouille colorée et leur design pour le moins simpliste, ces moutons n'ont rien d'extraordinaire. Pourtant, ils ont conquis leur public par leurs expressions amusantes. Souriants et amusés, ils attendent les visiteurs qui se rendent en Irlande. Et d'aucun, c'est sûr, rapportera un sac ou un crayon Wacky-woollies en souvenir de son séjour.













mardi 11 septembre 2012

Les Chevaux de Géricault

Chasseur de la garde. Wikipédia.

Né en pleine révolution française, en 1791, Théodore Géricault (1791 - 1824) est peintre et sculpteur. Il a beaucoup travaillé notamment sur le thème du cheval, qui le passionnait.
Géricault dessine, peint, réalise des lithographies et sculpte aussi, peu mais très bien.

Originaire de Normandie, Géricault y côtoie très tôt le monde équestre. C'est de là que lui viendra son attrait pour les chevaux. Il fera ensuite ses débuts en peinture dans l'atelier du peintre Carle Vernet à Paris, spécialiste des scènes de chasse.

Le "Chasseur de la garde impériale" ou "officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant" sera sa première œuvre exposée au Salon en 1812. On peut y voir une réponse  au tableau de David "Napoléon franchissant les Alpes", conservé au château de la Malmaison en région parisienne. Présage funeste ou allégorie de la victoire guerrière, les avis des critiques divergent selon les époques au sujet de ce premier tableau exposé par Géricault.


Cuirassier blessé quittant le feu. Louvres.




Cette première grande œuvre sera suivie deux ans plus tard par un autre portrait de cavalier, le "Cuirassier blessé quittant le feu" (1814) qui sera interprété comme le symbole de la débâcle de l'armée Napoléonienne lors de la campagne de France. C'est sous un ciel lourd et orageux que l'officier et sa monture quittent le champ de bataille, fatigués, la bride à la main, heureux d'avoir échappé au carnage.
Deux œuvres contrastées et dramatiques. Deux portraits équestres qui susciteront un certain intérêt pour le jeune peintre.


Jules Verne, qui était bien de son temps a décrit dans "Vingt Mille lieues sous les mers" l'intérieur du Nautilus. Y sont accrochés de nombreux tableaux dont "deux toiles de Géricault".
Une galerie virtuelle permet de voir les principaux tableaux de Géricault sous forme de portefolio. Géricault a aussi peint une magnifique tête de lionne vers 1819.







Le derby d'Epsom. Wikipédia. 1821.


Parti en Angleterre en 1820, après le rejet de son immense "Radeau de la Méduse" par la critique, Géricault y découvre le monde des courses et se remet à peindre des chevaux, notamment avec le "Derby d'Epsom", tableau exposé au Louvres.

Ce tableau illustre bien les recherches de l'artiste pour représenter le mouvement, mais malgré tout son talent, ses chevaux, qui semblent comme suspendus au dessus du sol ont l'air totalement irréalistes dans leur "galop volant".

Cheval arabe gris blanc. Wikipédia. (vers 1812)




Ce n'est qu'à la fin du XIXeme siècle avec la chronophotographie de Marey et Muybridge que l'on pourra décomposer le mouvement du galop du cheval, et découvrir qu'ils n'ont jamais les quatre pattes allongées en l'air en même temps, comme dans la peinture de Géricault.

Géricault nous a laissé de très nombreux "portraits" de chevaux, montrant par là son intérêt pour "le meilleur ami de l'homme" et son soucis de peindre les animaux de la façon la plus réaliste possible. Géricault a aussi réalisé de nombreux dessins annotés sur l'anatomie équine. Il étudiait des écorchés pour pouvoir rendre au mieux la densité des os et des muscles de ses chevaux.






mardi 28 août 2012

Les Oiseaux de Braque, Variations en mode mineur.


2 Oiseaux sur fond bleu.

En cette fin d'été, un petit tour au Louvre, à Paris, s'impose, pour admirer les Oiseaux du plafond de la salle Henri II peint par Georges Braque (1882 - 1963).

Commandé par le secrétaire d'état aux Beaux-Arts de l'époque, André Cornu, ce plafond de la salle des vases et objets étrusques (salle Henri II) du musée du Louvre a été inauguré en 1953, en présence de l'artiste. Ce qui faisait dire à certains que Braque aura été le premier artiste exposé au Louvre de son vivant...

Les oiseaux de Braque, noirs sur fond bleu, cernés de blanc, viennent donc remplir les trois compartiments du plafond d'origine de l'ancienne antichambre du roi, réalisés en 1557 par le menuisier Scibec de Carpi.

Plafond de la salle du Trône. Louvre.

Pour réaliser ce plafond, Georges Braque s'inspire du thème de l'oiseau. Il peint son sujet à sa manière, inspirée par la nature, mais peu figurative. Les oiseaux semblent voler, comme mis en mouvement par l'artiste. Braque voulait représenter l'espace. Il voulait aussi s'affranchir de la réalité, même s'il s'en inspirait. Car pour Georges Braque : "Écrire n'est pas décrire, peindre n'est pas dépeindre, la vraisemblance n'est que trompe-l’œil". 

Mosaïque : Deux oiseaux.


Une copie de cette œuvre se trouve dans la salle Braque du musée, avec ses nombreuses lithographies. Il s'agit d'une mosaïque intitulée "Étude pour le plafond de la salle Étrusque".


C'est vers la fin de sa vie que le thème des oiseaux colorés et très schématisés apparaît dans l’œuvre de Braque. Les premiers volatiles ne sont que de simples esquisses dans la série de toiles les "Ateliers" réalisées entre 1949 et 1956. Huit toiles à peine figuratives, au thème sombre, qui regroupent tous les souvenirs de l’artiste.

Source : Un sogno italiano.



Finalement les oiseaux finissent par s'imposer dans l’œuvre du peintre vieillissant. Braque y restera fidèle jusqu'à sa mort. Ils symbolisent la paix et la sérénité, mais aussi le rêve et l'évasion. Ils semblent voler, comme s'ils étaient en mouvement.  Un mouvement que l'on retrouve dans cet "Oiseau et son ombre" de 1959, mais aussi dans "Le Messager".



Ils sont le plus souvent peints  dans des camaïeux de bleu, de blanc et de noir, mais certains oiseaux sont aussi très colorés. Ils peuvent être cernés par de larges contours blancs, ou bien seulement esquissés. Ils sont généralement peints avec de grandes taches de couleur posées en aplat.

L'oiseau et son Ombre. Sources : Textes et prétextes.
Georges Braque a commencé sa carrière dans le style impressionniste, avant d'être tenté par le fauvisme. Sa rencontre avec Picasso en 1907 lui permet d'évoluer vers le cubisme. Les deux artistes travailleront ensemble pendant un temps. Mais en 1925, Braque revient à une peinture plus classique et se lance dans les natures mortes. Viendront ensuite les "Ateliers" puis les oiseaux. Oiseaux qui veillent désormais aussi sur sa tombe au cimetière de Varengeville-sur-Mer en Normandie.


Les oiseaux bleu. Source : ac-nancy.
Aux oiseaux de Braque, son contemporain Jacques Prévert (1900 - 1977) répond par une magnifique poésie sur l'oiseau intitulée :

"Pour faire le portrait d'un oiseau" :
Prévert imagine l'artiste peignant son oiseau, et lui recommande de :
"Peindre d'abord une cage
Avec une porte ouverte".
Puis le poète continue : "Peindre ensuite
Quelque chose de joli
Quelque chose de simple
Quelque chose de beau
Quelque chose d'utile pour l'oiseau...."

Et pour finir (...) :

"Fermer doucement la porte avec le pinceau
Puis, 
Effacer un à un tous les barreaux...."
"Pélias et Nélée" (l'Astre et l'Oiseau) d'après Braque.

"Zétès et Calaïs" (Boréades) d'après Braque














"L'Oiseau de feu" ou le Phénix vu par Braque.
Sur la toute fin de sa vie, Braque a aussi travaillé aux "Métamorphoses" une série de 113 gouaches du peintre transposées en sculptures en trois dimensions par des sculpteurs dont Landowski ou en bijoux par le joaillier Heger de Lowenfeld. Ces "Métamorphoses" ont pour thème des dieux et des déesses de la mythologie antique. On y retrouve bien le style de Braque, dans une collaboration fructueuse entre artistes de divers spécialités. Braque a enfin réussi son pari "Libérer l'oiseau, symbole de l'espace et du temps".

"Le Messager" de Braque. Timbre France 1961.


Braque et Saint John Perse ont aussi collaboré étroitement sur ce thème de l'oiseau. Aux gouaches du peintre répondent les vers du poème "Oiseaux" du poète (1962). Une collaboration forte, voulue et réciproque, bien qu'ils s'en défendent tous deux.




Lithographie de Georges Braque.



Durant toute sa vie Braque a dessiné et noté ses réflexions sur des carnets de croquis. Ils nous a laissé ainsi quelques bribes de sa pensée comme cette lithographie reprenant ses sentiments sur l'art "Avec l'âge, l'art et la vie ne font qu'un".
En 1917 Reverdy publie les "Pensées et réflexions sur la peinture" de son ami très cher, Georges Braque, dans sa revue Nord-Sud. C'est un peu la matrice du "Cahier" de Braque qui sera publié en 1947. "J'aime la règle qui corrige l'émotion" disait Braque sur la peinture et sur sa poésie.

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